Costume homme & femme : Enseignes en étain
C'est très tendance dans le "med" de porter sa coiffe ou son vêtement recouvert d'enseignes en étain. des enseignes commémoratives de certains camps, des enseignes religieuses, profanes... très souvent portées à tort et à travers sans vraiment savoir ni se poser de questions... Ca fait "genre". Mais en réalité c'est totalement erronné. Une tendance qu'il faut éviter de suivre, en connaissance de cause.
Mieux vaut connaitre la signification de ces enseignes, et respecter leur usage. Mieux vaut choisir une enseigne précise pour sa signification (saint patron, evenement important, symbole précis) et la porter sur son doublet, sa robe, ou sur sa coiffe.
En porter plusieurs disperse le regard et atténue l'importance de ce symbole. Comme un bijou, une broche, un ornement, le bon gout est d'ailleurs de bien choisir et de porter avec parcimonie, plutot que partir vers la surenchère (déja à l'époque, les personnes qui portaient moultes enseignes étaient moquées et caricaturées).
C'est une mode qui s'est étendue du XIIIe à la fin du XVe siècle. A l'exception des mendiants, et des pélerins, les enseignes en plomb-étain étaient portées avec parcimonie. Elles étaient choisies pour indiquer une signification importante pour leur porteur. C'étaient des objets de parures. Un pélerinage important effectué, une allégeance spécifique, un gage d'amour... Il pouvait y avoir bien des significations.
Bien sur l'étain n'est pas aussi durable que d'autres métaux. Une enseigne avait donc une durée de vie. Une fois sa vie "terminée", les enseignes étaient souvent jetées d'un pont dans une rivière (parfois délibérément pliées), un peu comme un jette un sou dans une fontaine actuellement.
Les enseignes pouvaient être peintes, ou posséder un fond de tissu ou de papier coloré pour mettre en évidence ses motifs. Ce n'étaient pas la majorité mais cela existait.
Cette mode s'est éteinte au XVIe siècle avec la propagation du système d'imprimerie, qui a remplacé les enseignes religieuses par des fanions imprimés, et d'autres moyens artisitiques qui ont remplacé les enseignes et bijoux profanes.
Mais quelles étaient ces enseignes et leur signification ?
Les enseignes religieuses
Les premières enseignes qui sont apparues étaient religieuses. Elles servaient à reconnaitre les pélerins, et à servir de preuve qu'un pélerinage avait été effectué (par exemple en pénitence d'un acte commis).
D'un usage concret, au premier abord, elle sont vite devenu une source de revenus pour les grands centres de pélerinage, puis pour les plus petits. Les moines ont vite compris l'interet de la vente de ces enseignes auprès des pélerins. Le marché noir aussi.
Les premières enseignes apparus étaient dites "sigillaires". Faites à partir de la matrice des sceaux, elles avaient une forme de fuseau. Puis d'autres modèles sont apparus, simples d'abord, puis de plus en plus recherchés.
Afin de capter la lumière des reliques visitées, et leurs ondes positives, certaines enseignes religieuses étaient pourvues de miroirs.
Les enseignes "de livrée"
Au XIVe siècle, les "seigneurs" ont repris le système des enseignes pour permettre à leurs serviteurs d'arborer leurs emblèmes. C'est une évolution de l'héraldique. Les enseignes ne suivaient bien sur plus les règles de l'héraldique, mais reprenaient un emblème principal du seigneur concerné (le cerf de Richard d'Angleterre, la Croix de saint André, le chien Talbot, le léopard anglais, le poisson du Dauphin de France etc). La qualité et le métal utilisé dépendait de la classe sociale (or pour la noblesse, argent pour les personnages importants de la cour, étain pour les serviteurs).
Les enseignes "commémoratives"
Ce n'étaient pas la majorité mais on connait quelques cas d'enseignes distribuées lors de commémorations spécifiques (funérailles de Du Guesclin, funérailles du Prince Noir d'Angleterre, Tournois importants, mondial de foot...).
Les enseignes courtoises
Parallèlement au développement de l'art, les enseignes ont vu se diversifier les motifs, pour permettre aux classes moins riches de la population, de s'approprier des thèmes et de l'art plus noble. L'art courtois s'est fort développé à partir du XIVe siècle, avec l'évolution du roman courtois qui a fait évoluer les moeurs et les tendances de la noblesse. Des broches et des bijoux ont donc repris ces thèmes (don du coeur, serment de fidélité...). Bien sur les artisans d'étain ont également repris ces thèmes pour les personnes moins fortunées qui ne pouvaient se payer des bijoux en or et perles. Certains grands thèmes des enluminures des ouvrages célèbres (chasse...) ont également été copiés en étain.
Les enseignes priapées
Elles sont nommées ainsi d'après Saint Priape (parce qu'elles étaient choquantes lors de leur redécouverte au XIXe siècle). Mais loin d'être des enseignes provoquantes, elles sont en réalité de toutes autres significations.
Prenons par exemple l'histoire du sage Aristote, proche d'Alexandre le Grand, qui l'aurait souvent mis en garde contre l'envoutement des femmes orientales... et qui lors des conquetes et d'un banquet bien arrosé aurait été retrouvé à 4 pattes, servant de cheval à une orientale. Ce thème a bien sur été repris dans l'art, et déformé populairement dans les enseignes en étain... jusqu'à perdre toute forme humaine et se retreindre aux symboles les plus évidents. Toutes les enseignes priapées ont des significations similaires, bien loin de ce qu'elles représentent réellement. Ou sont des caricatures de grands thèmes populaires.
Les enseignes mythologiques et diableries.
Qui mieux qu'un diablotin peut connaitre les ruses du diable et les déjouer ? Homme sauvage, sorcières, hiboux, griffon, sirènes... autant d'animaux mythologiques et de serviteurs du Malin, qu'on portait pour se prémunir des maléfices et du Mal.
Les enseignes caricaturales
Dans le même ordre d'idée, le Malin aimait à se divertir. Et s'il s'amuse à autre chose, il ne pensera pas à perturber les honnêtes gens. Un cochon qui joue de la cornemuse, un ane qui file la laine, un loup qui joue de la flute de pan, des scènes de luxure... autant d'enseignes sensées divertir le diable et l'éloigner de l'ame des gens.
Il y avait aussi des enseignes représentant des contes populaires (comme le chevalier qui porte le sac de grain sur son dos... etant lui même à cheval, dans le seul but d'épargner le poids du sac à son cheval).
Certains sites de vente proposent des enseignes en étain. Il y a également des vendeurs sur certains camps.
Contactez Alchi (qui en produisait et qui a encore du stock), ou faites une recherche sur le net.