Notre compagnie pratique le tir à l’arc traditionnel & instinctif. Mais qu’est ce qui se cache derrière ces mots ?
Bien que similaires, et complémentaires, ces deux termes ne signifient pas la même chose.
Le tir à l’arc instinctif, c’est-à-dire sans visée, se pratique avec un arc dit « nu ». Les arcs ne possèdent aucune « aide » moderne telles que le viseur, le décocheur, les stabilisateurs, etc… Il n’y a aucune aide technique pour compléter votre visée. Il n’y a que votre œil, votre mental, votre connaissance de votre matériel et de son comportement… l’harmonie que vous trouverez entre vous, votre arc, votre flèche, votre environnement, et votre cible.
Le tir à l’arc traditionnel fait partie du tir à l’arc instinctif, mais est plus restrictif.
D’une part il utilise du matériel dit « de tradition » (c’est-à-dire utilisé dans nos régions avant l’arrivée des matériaux « modernes » au XXe siècle, tels que l’alu, le carbone, la fibre de verre, la résine composite). Il s’agit donc d’utiliser des arcs en bois, monoxyle ou lamellés collés, et des flèches en bois également. Il s’agit aussi de comprendre et maitriser ce matériel, pouvoir le régler correctement, fabriquer ses propres flèches, correspondant autant à l’archer qu’à l’arc utilisé. C’est une science autant qu’un art, et ca s’apprend par la pratique.
D’autre part c’est une mentalité, une philosophie de tir. Si le tir à l’arc instinctif peut être utilisé avec un objectif de compétition, le tir à l’arc traditionnel, est tout autre. L’objectif est inversé.
En tir à l’arc de compétition, l’objectif est de faire du score, pour se classer au mieux possible. Bref, l’objectif est de dépasser les autres. L’archer à coté de vous est votre adversaire. Par les matériaux modernes, et pour améliorer son score, on cherche à annihiler toute source potentielle de défaut. Pour cela on remplacera les matériaux vivants (bois, main) par des matériaux inertes (flèches de carbone ou alu, décocheurs automatiques, arcs synthétiques plus reproductibles)...
En tir à l’arc traditionnel, votre seul adversaire… c’est vous-même. Ce sont vos défauts que vous devez surmonter. Le but n’est pas un score, mais une sensation, c’est la recherche du « beau vol de flèche ». Ici mettre une flèche dans la cible n’est pas un objectif en soi, mais une conséquence de tout le reste. On ne cherche pas à éliminer les défauts, mais à les maitriser correctement, en cherchant l’harmonie avec son matériel (et ses défauts qui sont si plaisants et lui donnent son caractère).
Bien sur parfois nous participons à des tournois. Nous n’allons pas bouder notre plaisir à partager quelques flèches avec d’autres archers, venant d’autres horizons. Gagner un tournoi, c’est bien sur la cerise sur le gâteau. Mais ce n’est jamais qu’une cerise… l’important c’est le gateau : ce moment de partage, cette communauté d’archers, vivant la même passion (sans réelle adversité, ou alors certains n’ont rien compris).